Apocalypse du livre saint (partie II)


Cet article fait suite à : Apocalypse du Livre Saint (Partie I)

Pourquoi bon nombre de personnes n’ont jamais entendu parler de tout ceci alors que le contenu de certaines tablettes de la Mésopotamie est connu depuis le milieu du XXe siècle ?

Parce que dans un premier temps, très peu de chrétiens se sont donnés la peine de jeter un œil aux documents sources de leur Bible. La croyance reposant sur un acte de foi qui s’oppose d’une certaine manière à l’esprit critique et au questionnement, cela n’a en soi rien d’étonnant, il est très mal venu de remettre en cause une partie de la Bible et d’en accepter le reste puisque toute la bible est présentée comme un bloc cohérent véhiculant la supposée parole divine. Si on admet qu’une seule ligne est fausse, on remet en cause la totalité de l’ouvrage. C’est d’ailleurs sur ce point que se fondent les nouvelles branches chrétiennes apparues au XIXe siècle (Mormon, Témoin de Jéhovah, etc…), elles se déclarent chacune comme véhiculant le véritable message biblique introduisant ainsi leur traduction personnalisée de la Bible et un enseignement basé sur cette nouvelle version de la Bible. Inévitablement, les membres doivent y trouver une cohérence puisque la Bible étant personnalisée, il est facile de prétendre devant les membres d’avoir raison et les autres tort…

Aussi faut-il savoir que les grands centres de recherche archéologiques sont en général financés par des grands investisseurs chrétiens qui n’entendent pas que l’on remette en cause l’authenticité de leur ouvrage exerçant ainsi une pression sur les chercheurs qui ayant besoin de subvention se doivent de marcher dans la direction qui leur est imposée. C’est très « chrétien », ce besoin du contrôle de l’information et du savoir, et au vu des contradictions et autres sources mises en évidence, on comprend pourquoi. En fait, c’est ainsi que la recherche a globalement toujours fonctionné, les investisseurs font taire ceux qui contredisent leur vision et donnent de la résonance à ceux qui la confortent, en terme d’histoire le dernier cas en date est celui de l’Egypte Pharaonique.

En effet, depuis les premières expéditions napoléoniennes (1798) et de l’étude des témoignages des contemporains grecs, il est su d’une élite que l’Egypte pharaonique jusqu’à la dynastie des Ptolémée était d’origine négro-africaine. Pourtant à l’heure d’aujourd’hui on continue à voir des représentations de Pharaons ou autres personnages pré-ptolémiques représentés avec des traits sémitiques ou leucodermes. Il est aisé lorsqu’on se replace dans le contexte de l’époque de comprendre les conséquences de telles vérités. Imaginer Napoléon et ses pairs esclavagistes découvrant que la race indexée est fondatrice de la civilisation chez qui les premiers savants grecs tels que Pythagore et d’autres reconnaissent avoir fait leur classe ? Une vérité en totale contradiction avec les acquis idéologiques de l’horizon occidental de l’époque. Mais l’enjeu de l’Egypte va plus loin que cette simple conjecture historique.

L’Egypte Pharaonique symbolise la cristallisation du peuple hébreu dans la Bible, qui subissant un esclavage terrible a été sauvé et guidé vers une terre promise à travers les prophètes de Dieu, malheureusement là encore la Bible se voit remise en question. Avant encore récemment les égyptologues avaient le monopôle de l’étude des sites égyptiens, s’en donnant à cœur joie ils ont pu conjecturer toute sorte de théories s’appuyant en partie sur la Bible, de ces conjectures ils conclurent que c’était le peuple hébreu, esclave des Pharaons, qui avait bâti les Grandes Pyramides. Pour appuyer leurs théories, ils leur manquaient un mot, le terme désignant la caste des esclaves, mot que jusqu’à aujourd’hui ils n’ont pas pu trouver. En fait, la réalité est tout autre, depuis que les scientifiques de divers domaines ont accès aux différents sites, ils sont unanimes sur un point, les Grandes Pyramides et certains grands monuments relèvent d’une telle prouesse technique que si l’on souhaitait les refaire avec la même précision, ils nous faudrait les derniers outils de pointe dans chaque domaine et cela sans garantie de résultats. En clair, il devient très difficile de voir dans ces monuments le travail d’hommes et de femmes esclaves, cela reviendrait à dire pour comparer que les fusées de la NASA sont construites par des esclaves. Ce qui serait aberrant pourtant encore aujourd’hui, c’est la voix des égyptologues qui continuent d’être entendus.

Pyramides de Gizeh

Tout ceci pourquoi ?

À travers un certain nombre d’éléments, il apparaît clair qu’il existe une information à deux vitesses pour ne pas dire trois. À une époque où la finance libérale a rendu à l’argent sa forme primaire, c’est à dire celle d’une information, cette dernière qui a toujours été vitale pour toute société souhaitant perdurer comme le montre l’étude des systèmes cryptographiques mis au point par les différentes civilisations afin de sauvegarder et de protéger leur information, n’a jamais été aussi accessible.

Internet a fait exploser les frontières de l’information que longtemps les sociétés dites modernes ont cherché à maintenir hermétiques. Il est possible de connaître des lieux, des endroits, des personnes sans jamais se déplacer, si on sait manier cet instrument qu’est internet on est en mesure de drainer la bonne information vers soi. Ainsi l’ignorance n’est plus le choix par défaut d’une personne, mais un choix volontaire. Autrefois on se battait pour sa dignité, sa terre, maintenant c’est avant tout une guerre de l’information qui tend à plonger ceux qui ne sauront pas la posséder vers les abîmes de notre existence terrestre. Le système de prédation dans lequel le monde est plongé depuis 2 millénaires a causé la disparition de bien trop de peuples, bien trop de souffrances pour aboutir aujourd’hui à un monde ultra inégalitaire, il doit cesser et cela appartient à chacun de nous de s’y atteler à notre manière. La Bible et les religions qui lui sont liées sont des points de départ cruciaux, le seul exemple de l’histoire du christianisme témoigne que depuis l’édit de Milan en 313 qui a proclamé cette religion grande religion de l’Empire Romain. L’Eglise a propulsé l’Europe dans une période d’ignorance et de conflits sans nom, détruisant au passage tout le socle des anciennes sociétés. Des royaumes, rois, reines, princes et princesses se sont entredéchirés afin d’attirer les hypothétiques faveurs d’un Dieu dont les pensées ne sont qu’un package remodelé par des hommes selon les circonstances. Comme le montrent l’histiore du Moyen-Âge, le sort des amérindiens et la Bulle Papele de 1454, qui donnait l’autorisation au roi du Portugal Alphonse V la permission de réduire en esclavage des populations mélanodermes. L’Église a toujours su prospérer avec les formes d’esclavages à défaut de les administrer, il n’est pas nécessaire d’évoquer celui de l’Islam. Bien sûr, lorsqu’est engagé notre intime ou ce qui est considéré comme tel, c’est souvent l’émotion et ses contradictions qui prennent le relais au détriment de la rationnalité. Malheureusement, la conviction personnelle ne peut se suffire lorsqu’il est question du Vivre Ensemble et de nos interactions avec l’Altérité, les faits historiques nous engagent à un recul permanent, à une humilité, pour deux raisons essentielles, ce qui est considéré comme vrai aujourd’hui peut ne plus l’être demain et puisque l’histoire s’écrit, elle est donc soumise aux lunettes de son rédacteur. Quant à la tolérance qu’il faudrait exprimer envers une religion sous peine de choquer les croyants, elle est une invitation à l’immaturité des croyants. Ces derniers devraient pouvoir entendre, alors qu’ils expriment pleins de dégoût pour le parti Nazi, que l’inquisition, la chasse aux sorcières, les conquêtes de Mahomet et le sort des femmes furent pire aussi bien dans le procédé qu’en termes de disparitions humaines. Et donc ces systèmes ne sauraient être pris en référence ou défendus simplement parce qu’il exista quelques singularités membres et attentionnées dans le quotidien. Ce recul est d’autant plus nécessaire que son absence nous fait rater quelques paradoxes de l’histoire comme le suivant. Alors qu’à la veille de la colonisation, les sociétés européennes décidaient de prendre de la distance avec l’Église à travers plusieurs lois promulguées. Elles ont dans le même temps décidé lors de la conférence de Berlin qui débuta en 1884, qu’il était bon de christianiser toute l’Afrique subsaharienne détruisant ainsi tout le socle des sociétés africaines, déjà bien affaiblis par XIII siècles d’esclavage et de castration arabo-musulman et V siècles d’esclavage occidental sous couvert chrétien. Il est également paradoxal de constater que l’Afrique noire n’a jamais été aussi mal en point que lorsque le nombre de chrétien sur son sol a atteint un maximum historique, tout comme l’expression d’une science occidentale est liée au recul de l’Église en Europe. Il est d’ailleurs temps pour le continent africain d’accepter de regarder la réalité, si l’Europe capitaliste et prédatrice a fait « cadeau » de la Bible à l’Afrique noire ce n’est certainement pas pour lui rendre service ou parce qu’elle était convaincue de l’utilité de ce livre, pour s’en convaincre, on peut se référer aux propos de Jules Ferry. Et il serait prétentieux de la part de l’Afrique noire, de prétendre mieux comprendre que l’Europe les fondements d’un livre finalisé en Europe et qui lui a été imposé par le meurtre, le viol et la soumission de leurs grands-parents.

Plus le temps passe et plus les contre-vérités sur ce continent sont exprimés et démontrés, il appartient maintenant à cet africain de choisir soit de rester dans l’attente d’un salut biblique et donc d’embrasser les règles du jeu de ce système de prédation, soit alors de prendre à bras le corps tout son courage et de regarder avec un œil critique son histoire, de la dépoussiérer afin de se débarrasser des chaînes conceptuelles avec lesquelles on l’a mis hors de la course du temps lui donnant en permanence l’illusion d’avoir toujours été à la traîne dans la course aux civilisations. Il ne s’agit pas simplement de se défaire d’un héritage colonial pesant pour s’enfermer dans un traditionalisme aveugle mais de reconsidérer également son socle social historique, de lui redonner sa pertinence perdue, de le sortir du mysticisme pour retrouver cette Science que certains ancêtres ont su exprimer avec la volonté constante d’y imprimer la combinaison Vérité-Justice-Ordre-Harmonie cristallisé dans la Mâat.

À l’instar des indiens d’Amérique, durant leur génocide provoqué successivement par la couronne espagnole, anglaise française puis l’état américain, qui n’ont eu de cesse de mettre en garde celui qu’ils nommaient « l’homme blanc » sur son attitude envers l’environnement, ce que ce dernier semble à peine comprendre aujourd’hui, l’Afrique a bien des choses à rappeler au monde.

Initiés du Kouo’si dans la région des Hauts Plateaux au Kameroun

Sources :

Anton Parks, Eden, 2011, Éditions Nouvelle Terre
Samuel Noah Kramer, L’histoire commence à Sumer, 1993, Flammarion
Cheikh Anta Diop, Nations, Nègres et Culture, 1954, Présence Africaine
Cheikh Anta Diop, Civilisation ou Barbarie, 2001, Présence Africaine
Assani Fassassi, Le péché du Pâpe contre l’Afrique , 2004, Al Qalam
Roger Vigneron, Elohim
Jacques Grimault, La révélation des Pyramides
Nouveau Monde, Les Saintes Écritures, Édition révisée de 1995, Watchtower Bible and tract Society of New York, Inc.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *